Archives pour: Juin 2009, 24

24.06.09

06:15:00, Cat�gories: Test / Critique  

par Nicore

Bloody moon

"Slasher" mâtiné de giallo détonnant quand même dans la filmographie de Jess franco, ce Bloody moon permettra au réalisateur de détourner les codes du genre et de s'en amuser de manière délicieuse et parfois aberrante, mais sans jamais tomber la parodie.
Le script va laisser un mystérieux individu tuer quelques demoiselles inscrites à une école de langues.

Bloody moonDans sa séquence d'introduction, le métrage va suivre Miguel, un homme défiguré, qui, après avoir entendu de la bouche de sa soeur Manuela des reproches quant à sa façon de la regarder, va rejoindre discrètement une fête étudiante pour subtiliser un masque de Mickey à un jeune homme bien occupé avec sa petite amie et ainsi pouvoir approcher une demoiselle sans que son visage repoussant l'effraie, danser avec elle et l'accompagner chez elle à des fins érotiques. Mais lorsque la jeune femme va enlever le masque pour ainsi découvrir le vrai visage de son compagnon, elle va se mettre à hurler et déclencher un accès de folie chez Miguel qui va la massacrer, lors d'une séquence presque sanglante avec ces gros plans trop rapprochés sur les plaies infligées.

Bloody moonEnsuite, le métrage va faire un bond dans le temps de cinq années pour voir Manuela venir chercher Miguel à l'hôpital psychiatrique où il était interné et d'où le médecin s'occupant de lui compte le laisser sortir libre, à condition que Manuela prenne soin de lui, lui évite trop d'émotions et le surveille au cas où. Miguel va donc pouvoir rejoindre la villa familiale où vivent Manuela et sa grand-tante âgée en fauteuil roulant au caractère acariâtre et ne voyant dans la sympathie de Manuela qu'un intérêt pour son argent. Mais pour ce qui est des émotions, Miguel risquera bien d'être servi puisqu'une école d'apprentissage linguistique s'est installée près de la villa et ce sont de nombreuses jeunes étudiantes qui y viennent apprendre l'espagnol.

Bloody moonEt en bon "slasher" qui se respecte, le métrage va se livrer à une présentation des principales victimes, quelques demoiselles idiotes et ne pensant qu'au sexe que nous allons suivre dans plusieurs péripéties gentiment ringardes (le dancing et sa musique disco éreintante), tout en s'intéressant principalement à Angela, un peu moins stupide que les autres, mais semble-t-il épiée par un mystérieux individu et/ou par Miguel. C'est ainsi que Jess Franco se permettra quelques scènes absurdes avec une première vague de fausses alertes comiques et surtout à ne pas prendre au premier degré (le petit garçon), tout en laissant quand même un petit climat de tension s'installer autour de la jeune femme qui finalement sera témoin du meurtre d'Eva, une de ses amies chez elle, sans bien entendu qu'aucune de ses amies n'arrive à la croire. Angela passera alors son temps à rechercher Eva, pour toute une série de situations plus ou moins improbables à l'humour discret (le rocher et les policiers), tandis que le mystérieux assassin continuera de rôder dans les parages.

Bloody moonEt la seconde partie du métrage s'animera alors véritablement pour lancer une série de meurtres parfois très graphiques (la scie circulaire) jusqu'au final nous révélant la véritable identité du meurtrier masqué pour un twist largement anticipable mais bien agencé dans sa résolution à tiroirs. Le métrage cherchera en effet quelque peu à brouiller les pistes pour nous réserver sa surprise finale, mais hélas ces tentatives demeureront assez vaines avec ces suspects potentiels bien trop flagrants, alors que l'obligatoire motif de ces crimes, qui rapprocheront le film de la thématique du giallo en étant matérialiste, sera un brin cruel et méchant puisque les jeunes victimes seront sacrifiées dans un but précis n'impliquant pas directement leur personne.

Bloody moonPour son incursion dans le "slasher", Jess Franco va certes reprendre les figures obligées du genre pour quelques meurtres s'essayant au suspense, mais également pour laisser la dernière survivante découvrir comme il se doit les cadavres des autres victimes par exemple, mais n'étant pas naturellement attiré par ce genre, il va en profiter pour s'en moquer quelque peu et avancer ainsi de multiples éléments croustillants pour qui prendra la peine de les appréhender au second degré. En effet, les victimes auront le don de se mettre quasiment toutes seules à la merci du tueur, avec notamment cette demoiselle adepte des plaisirs insolites qui se laissera le meurtrier l'attacher solidement dans une carrière où une scie circulaire énorme destinée à couper la pierre va pouvoir venir tranquillement la décapiter pour la scène la plus gore du métrage.

Bloody moonOn pourra également apprécier les nombreuses fausses alertes volontairement stupides et éculées qui parsèmeront l'intrigue, Jess Franco n'hésitant pas à avoir recours à un chat surgissant d'on ne sait où pour faire croire à un moment à la présence du tueur, mais il le fera de manière délicieuse, tout comme lorsqu'il mettra un mannequin derrière l'héroïne qui croira avoir affaire à son agresseur, les ficelles de ses séquences étant trop grosses pour ne pas y voir une volonté satirique du réalisateur sans que cela soit trop prononcé ou avancé ouvertement, refusant de la sorte la parodie.

Bloody moonMais cela n'empêchera pas certaines séquences de fonctionner pleinement, avec ces quelques débordements sanglants généreux et cet érotisme certes largement plus discret qu'à l'accoutumée chez Jess Franco mais bien présent surtout en sous-entendus pervers (puisqu'il sera même question d'inceste), sans oublier une certaine volonté provocatrice lorsque ce sera un petit garçon, témoin d'un des meurtres, qui se fera écraser de manière ouvertement volontaire par l'assassin. Tout cela n'a pas dû plaire à la censure anglaise, puisque le film a fait partie de la fameuse liste des "video nasties".

Bloody moonLes personnages resteront globalement stéréotypés, notamment les jeunes étudiantes, pour uniquement laisser Angela sortir un peu du lot et servir à autre chose d'à se faire trucider, tandis que ce Miguel ambigu arrivera à s'imposer quelque peu, l'ensemble bénéficiant d'une interprétation assez terne laissant Olivia Pascal dans le rôle d'Angela justement, parviendra quand même à tirer son épingle du jeu. La mise en scène de Jess Franco est assez commune, sans retrouver son éclat habituel ou ses expérimentations filmiques, pour se contenter de suivre l'action. Les effets spéciaux du film sont plutôt probants pour avancer quelques plans gores volontaires, même si certains trucages resteront flagrants avec une utilisation de mannequins bien visible.

Donc, ce bloody moon restera un film à part dans l'œuvre de Jess Franco, mais sans pour autant être décevante, tellement le réalisateur a semblé s'amuser avec les codes du "slasher" pour nous gratifier de nombreux clins d'oeils savoureux !

Bloody moonLe DVD de zone 2 anglais édité par Severin Films avancera une image juste quelque peu floue par moments (certainement des plans coupés et réintégrés ensuite dans le métrage), tandis que la bande-son sera plutôt convaincante, avec une partition musicale décalée souriante, le métrage étant ici proposé dans sa version anglaise sans aucun sous-titre.
Au niveau des bonus, on pourra suivre une interview d'un Jess Franco toujours aussi passionnant et ne mâchant pas ses mots lorsqu'il évoquera les mensonges éhontés de producteurs du film, ainsi que la bande-annonce originale du film.

Pour ceux qui voudraient découvrir ce "slasher" atypique, le DVD de zone 2 anglais est disponible ici ou !

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