26.02.09

06:30:00, Cat�gories: Test / Critique  

par Nicore

The girl next door

Adapté du roman homonyme de Jack Ketchum (qui s'est lui-même largement inspiré d'un fait divers sordide), ce The girl next door nous entraînera au plus profond de la bassesse humaine la plus dérangeante au travers du calvaire de cette demoiselle martyrisée par d'autres jeunes adolescents sous l'emprise de leur mère mais sans que le métrage ne sombre dans le "torture-porn" gratuit et graphique pour préférer une approche bien plus psychologique et donc largement plus dérangeante.
Le script va suivre l'arrivée de Meg et de sa jeune sœur Susan chez leur tante Ruth, une femme spéciale qui accueille tous les gamins du quartier pour les laisser boire de la bière, fumer et surtout écouter ses palabres douteuses, et qui va prendre en grippe les deux sœurs pour progressivement les humilier avant de les battre et finalement atteindre le point de non-retour en enfermant Meg dans la cave de leur maison pour lui faire connaître les pires atrocités en compagnie de ses trois fils et d'autres adolescents.

The girl next doorLe métrage va commencer par mettre en scène un homme d'âge mûr, David, bien sous tous rapports qui va même apporter les premiers secours à un clochard renversé par une voiture que personne ne voulait toucher, avant en voix-off de discourir sur la douleur (d'abord au travers d'une anecdote plutôt croustillante à propos de sa seconde femme attaquée par des chats) avant de nous révéler ses démons intérieurs liés à ce qui s'est passé un certain été 1958. C'est ainsi que l'intrigue va se dérouler en un long flash-back pour nous conter le drame à venir.

The girl next doorLa première partie du métrage commencera donc par nous présenter les différents protagonistes et bien entendu replacer David enfant qui va faire une première rencontre au bord d'un ruisseau avec Meg, sa nouvelle voisine venant d'emménager juste à côté de chez lui chez Ruth, sa tante, suite à l'accident ayant tué ses parents et handicapé sa jeune sœur Susan. Ensuite, au cours d'un jeu de colin-maillard quelque peu détourné, nous allons faire connaissance avec les trois fils de Ruth avant justement de découvrir le personnage de Ruth, une femme d'un certain âge aigrie, désabusée et certainement quelque peu perverse à l'avance comme nous pourrons le voir dans les discours osés qu'elle va tenir devant les enfants qu'elle laisse fumer et boire de la bière.

The girl next doorL'intrigue laissera, au milieu d'une certaine bonne humeur guidée par l'insouciance de ces préadolescents enjoués, percevoir l'antipathie régnant entre Ruth et Meg, qui va s'exacerber après divers incidents pour devenir carrément frontale lorsque sous un prétexte quand même fallacieux, Ruth va administrer une sévère fessée à la pauvre Susan évoluant avec des béquilles et les jambes harnachées pour qu'elle puisse tenir debout, pour une première séquence vraiment dérangeante devant la gratuité des coups infligés à la pauvre gamine sans défense, séquence devenue encore plus impactante par une mise en scène jouant sur l'ellipse et rendant cette correction encore plus douloureuse. Et lorsque l'un des fils de Ruth verra Meg parler à un policier, la descente aux enfers de la demoiselle va alors véritablement commencer puisqu'elle sera enfermée dans une cave, ligotée debout dans une posture lui meurtrissant les poignets et commencera à subir les humiliations physiques de sa tante, de ses cousins et des jeunes du quartier, de plus en plus violents et sadiques, allant jusqu'au viol et plus encore, jusqu'à l'inévitable issue fatale.

The girl next doorMais le métrage ne choisira heureusement pas de se complaire dans une succession de scènes de tortures gratuites pour au contraire laisser la plupart des violences se dérouler en hors-champ ou bien être furtivement aperçues, préférant s'attarder sur les différents protagonistes présents et sur leurs réactions, entre fascination et écoeurement affirmant de toute façon une perte définitive de l'innocence pour ces jeunes presque ensorcelés par Ruth au point de ne plus distinguer les limites de la tolérance dans la violence et le sadisme.

The girl next doorEn effet, le métrage deviendra encore plus troublant et indéniablement glauque en laissant de jeunes adolescents être témoins et même participer à ces atrocités brutales commis qui plus est sur une autre adolescente, ce qui pourra bien entendu choquer le spectateur outre mesure, mais ce sera bien le personnage de Ruth qui sera au centre de cette folie dégénérant au fur et à mesure que l'on va avancer dans le métrage, celle-ci étant dotée d'un charisme dicté par une discipline de fer et une autorité sans faille sur ses trois enfants qu'elle dirige sans compromis, tout en les incitant au final à passer à l'acte sans le moindre remord.

The girl next doorPar contre, des remords, le jeune David, amoureux de Meg, en aura, et le métrage, en adoptant son point de vue, jouera en plus avec les sentiments du spectateur qui cherchera à comprendre ce jeune garçon qui, s'il ne participera pas aux exactions commises envers Meg, restera un témoin privilégié et ne tentera pas grand-chose pour arrêter le processus, jusqu'au final où il agira bien trop tard, ce qui laissera des cicatrices à vie à cet homme qui viendra nous livrer ses derniers ressentiments pour clore le métrage sur une note pas foncièrement optimiste mais réaliste.

The girl next doorDans un tel contexte, les différents personnages auront un rôle évident à jouer et on pourra quand même regretter le manque de psychologie apporté à chacun, laissant même les motifs de la rancœur portée par Ruth aux deux sœurs assez floue et vague pour que ce personnage ne dévoile que ses considérations sur la relation homme/ femme et ses penchants pervers, tandis que les adolescents resteront bien lisses, même David qui subira les événements plus qu'autre chose. Mais on pourra par contre compter sur une interprétation incroyablement juste des jeunes acteurs qui resteront crédibles de bout en bout et arriveront à jouer certaines scènes très délicates de manière naturelle.

The girl next doorLa mise en scène du réalisateur est adaptée et astucieuse, aussi bien pour faire travailler l'imagination du spectateur face aux atrocités énoncées ou rapidement visualisées dans des cadrages adéquats, tout en plaçant délibérément le spectateur en position de voyeur, que pour scruter les visages insidieusement et guetter les réactions des personnages devant les situations abjectes vécues. Ne cherchant aucunement à être sanglant, le métrage se contentera d'avancer quelques gros plans douloureux qui bénéficieront d'effets spéciaux réussis, mais ce sera surtout le maquillage discret et pourtant révélateur des violences subies par Meg qui sera convaincant en étant terriblement réaliste.

Donc, ce The girl next door restera une œuvre plus que dérangeante, terriblement troublante et qu'il faudra réserver à des spectateurs avertis, non pas par sa violence directe mais par son sujet délicat et pourtant traité sans fausse pudeur !

The girl next doorLe DVD de zone 1 édité par Starz (le nouveau nom d'Anchor Bay), avancera une image nette et marquée par ces changements de tons de couleurs qui contrasteront ouvertement entre la première partie gaie et colorée et la seconde plus triste et aux couleurs délavées. La bande-son est convaincante, avec une partition musicale adaptée et sachant parfaitement se montrer discrète, le métrage étant ici proposé dans sa version anglaise sans sous-titre.
Au niveau des bonus, on pourra suivre les interviews du réalisateur, du scénariste et d'autres membres de l'équipe du film, mais cela sera redondant avec le making-of qui suivra et sera également largement composé d'entretiens avec les participants au projet, et enfin, la bande-annonce du film clôturera ces bonus guère passionnants.

Pour ceux qui voudraient découvrir cette œuvre sulfureuse et douloureuse, le DVD de zone 1 est disponible ici ou !

Permalien 1364 mots par nicore, 816 vues • 4 retours

Commentaires, Pingbacks:

Commentaire de: 20-100 [Visiteur] Email
Tout lu (les 5 derniers à la suite du moins) ! Un p'tit commentaire donc pour saluer tes articles, t'en remercier, Nic', et - tout de même ! - laisser une petite trace... on se sent moins seul(s) ainsi ! ;-)
PermalienPermalien 27.02.09 @ 09:14
Commentaire de: nicore [Membre]
Merci 20-100 !
C'est vrai que c'est toujours agréable d'avoir des commentaires sur les articles ! -;)
PermalienPermalien 27.02.09 @ 12:26
Commentaire de: téhalo [Visiteur] Email
Bonjour

le roman qu'adapte ce film m'avait laissé cette impression que l'intrication entre une narration réaliste et symboliste se noue progressivement. Elle aboutit à une scène finale profondément symbolique (le regard de Ruth puis sa chute mortelle dans l'escalier, poussé par David) qui renouvelle, une fois de plus, le légendaire de la violence américaine.

Je ne crois pas que son auteur ait le souffle artistique pour distancer réellement le récit légendaire qu'une industrie du spectacle donne de ce "fait divers". C'est pourquoi le livre était facilement transposable de l'écrit à l'image. Son écriture brasse déjà avec beaucoup de talent tous les "codes" adéquats et un système bien rodé.

Selon moi Ketchum apporte sa contribution à un imaginaire à la fois populaire et normatif (industriel?) de l'individu, du lien social et de la violence (cet imaginaire à fait l'objet d'un très bon essai de Denis Duclos, "Le complexe du Loup-Garou", pocket)

Du coté du film j'ai été frappé de voir que les quelques critiques de spectateurs sur Allociné le valorisent presque tous, en le comparant à "Saw". En gros il serait tout ce que n'est pas "Saw". Ce qui délimite assez bien la niche écologique qu'occupe ce film...

Alors, oui, en regard de "Saw", le cinéaste a évité de produire des signes de complaisances. Mais j'ai des doutes sur le fait que cela soit du à sa sensibilité artistique. Qui réaliserait "en toute innocence" une histoire de torture sur mineures à la manière de Saw???

Le vrai problème c'est comment peut-on faire du cinéma de distraction (comme Saw) avec un sujet qui contredit notre "droit" banal à prendre du plaisir en matant un "bon film" de torture sur autrui?

Fait-on de la finesse en retranchant de la complaisance? J'avoue que j'ai des doutes...

Pour ma part, dans le genre fiction populaire limite, je préfère largement le souffle indissociablement populaire, personnel et sensible de Takashi Miike à travers "Audition" ou "Visitor Q", par exemple. Miike fait appel à notre empathie même dans les scènes les plus terribles ou grotesques.

Ps: j'ai pourtant bien aimé ce film, comme j'ai aimé le roman.
PermalienPermalien 06.03.09 @ 12:21
Commentaire de: Patrick [Visiteur] Email
Pour info, le DVD est disponible en français
http://www.amazon.fr/girl-next-door-Blythe-Auffarth/dp/B001NPUI58/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=dvd&qid=1241490926&sr=1-1

PermalienPermalien 05.05.09 @ 04:41

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