20.11.08

08:00:00, Cat�gories: Test / Critique  

par Nicore

Seven women for Satan

Comptant parmi les rares incursions françaises dans le cinéma de genre dans les années soixante-dix (avec l’œuvre de Jean Rollin), ce Seven women for Satan, titré chez nous Les week-ends maléfiques du comte Zaroff connut, malgré sa médaille d‘argent au festival de Stiges en 1977, une classification X sous l’ère giscardienne, très rigide et rétive au fantastique sanglant et à l’érotisme, alors quand un métrage osait allier les deux…
Le script suit les tourments du comte Boris Zaroff, coincé entre ses pulsions et ses fantasmes sadiques et le fantôme de l’ancienne propriétaire d’un château qu’il vient d’acheter.

Seven women for SatanD’entrée, le métrage va prendre un ton plus ou moins onirique pour suivre son personnage principal poursuivant à cheval, accompagné par son dogue allemand, une jeune femme nue à travers bois lors d’une séquence réussie en partie grâce à son cadrage original ( et la seule à véritablement relier l’intrigue au titre français du film renvoyant au classique de Ernest B. Schoedsack), qui aboutira par la mort de la demoiselle tombant dans un précipice, sortant du coup notre homme de ses rêveries pour le renvoyer à l’univers rationnel de son bureau. Nous le retrouverons ensuite à bord de sa voiture où il va prendre en stop une jeune routarde et lui offrir l’hospitalité pour la nuit avant de reprendre la route vers le château qu’il vient d’acquérir. Une séquence fantasmagorique donnera l’occasion au réalisateur Michel Lemoine de placer une première scène érotique puisqu’en offrant une coupe de champagne à son invitée, Le Comte Zaroff va s’imaginer léchant ledit champagne sur le corps nue de son hôte.

Seven women for SatanLe lendemain, le "couple" va poursuivre son chemin, mais lors d'un arrêt que l'on pensait voir dégénérer en partie de jambes en l'air, le comte Zaroff va s'en prendre à la demoiselle et tenter de l'étrangler avant de lui mordre le sein pour finalement l'écraser avec sa voiture au terme d'une course-poursuite, tout en étant taraudé par le remords. Mais après s'être débarrassé du corps dans un lac (pour une autre scène flirtant avec le surréalisme et l'onirisme), il va donc rejoindre Karl, son majordome, dans son château, alors que nous allons découvrir le but ultime de ce dernier, fils d'un compagnon du comte Zaroff d'origine et chargé par son père de retrouver le dernier descendant des Zaroff pour lui faire perpétuer les penchants sadiques de la famille.

Seven women for SatanMais hélas, à partir de ce moment-là le métrage va devenir flou et se plonger dans un délire défiant tout sens narratif pour peu après introduire un fantôme qui va coller aux basques de Boris Zaroff, sans que l'on sache véritablement qui est cette demoiselle vêtue de blanc, un amour passé décédé ou le fantôme de l'ancienne propriétaire du château, ni quel est son but. Et pour couronner le tout, le métrage va introduire des personnages plus ou moins aberrants, avec d'abord cette jeune femme postulant comme secrétaire auprès de Zaroff et qui après avoir été vraisemblablement droguée par Karl va se lancer dans une danse érotique qui se terminera par une longue séance de plaisir solitaire lascive, observé derrière une glace sans teint par Boris, avant d'être attaquée par le dogue allemand qui va la pousser à se jeter dans le vide.

Seven women for SatanMais le clou du spectacle restera quand même ce couple en panne de voiture qui viendra sonner à la porte du château pour quémander l'hospitalité et dont la jeune femme, passablement naïve, verra, sans parvenir à se faire croire par son partenaire, Karl transporter le corps de la secrétaire aux alentours du manoir, laissant ainsi un humour au second degré venir de manière presque déplacée se mêler à l'ensemble plus sérieux et fantasmagorique, mais qui ne sera qu'un préliminaire à la scène débile du film, lorsque qu'en faisant une visite de la salle de tortures, le couple acceptera de se faire attacher sur une table, sans comprendre la réalité du supplice mijoté par Karl, pour finalement voir descendre sur eux une planche hérissée de pointes acérées qui va les transpercer.

Seven women for SatanMais hélas, malgré la volonté clairement affichée de Michel Lemoine de placer de belles images oniriques et éthérées dans son métrage, l'absence de limpidité dans son propos va quand même venir pervertir l'ensemble et rendre obscur l'orientation réelle d'un film oscillant toujours entre cauchemar et réalité jusqu'à perdre complètement le spectateur qui n'aura plus que le choix de se laisser guider par les images et accepter la tournure floue prise par les événements et qu'un final tout aussi aléatoire ne viendra pas éclairer. Il conviendra donc au spectateur d'accepter l'aspect déphasé du métrage, qui, entre ses dialogues philosophiques aberrants, n'hésitera pas par exemple à placer cette secrétaire droguée et nue dans les bras d'un géant noir, une statue devenue vivante par les effets de la drogue, avançant ainsi une scène troublante d'érotisme.

Seven women for SatanCar justement, en dépit de sa classification d'œuvre "fantastique", Michel Lemoine assumera complètement l'aspect érotique omniprésent du film, dénudant régulièrement ses actrices sans jamais tomber dans le graveleux pour préférer donner à ces séquences une beauté onirique transcendante. Mais cela n'empêchera pas l'auteur de rendre quelques hommages appuyés au cinéma de genre, avec notamment cette salle de tortures que n'aurait pas renié Roger Corman lorsqu'il tournait avec Vincent Price, tandis que la présence du grand Howard Vernon dans le rôle de Karl donnera un cachet daté mais efficace au métrage.

Seven women for SatanJustement, l'interprétation est assez convaincante, entre un Howard Vernon magistral de cabotinage et une Joëlle Cœur parfaite dans le rôle du fantôme, laissant même à Michel Lemoine le rôle principal de Boris Zaroff qu'il prendra largement à cœur en imposant sa "gueule" hallucinée. La mise en scène du réalisateur est probante, avec un art de manier les grands angles et autres filtres déformant l'image (l'arrivée au château) pour achever de déstabiliser le spectateur, tout en arrivant à donner une touche surréaliste à ses séquences oniriques. Les quelques effets spéciaux resteront basiques mais presque crédibles.

Donc, ce Seven women for Satan offrira une oeuvre vraiment "autre" au cinéma de genre français et malgré sa nébulosité permanente, arrivera à devenir attachant et à entraîner son spectateur dans son délire fantasmagorique !

Seven women for SatanLe DVD de zone 0 édité par Mondo Macabro avancera une image ayant conservé une petite partie de ses défauts d'origine, sans que cela ne vienne gêner la vision du film, et tandis que la bande-son sera relativement convaincante malgré des craquements récurrents, grâce à une partition musicale adaptée et arty, le métrage étant ici proposé en version anglaise, mais aussi dans sa version française d'époque, avec des sous-titres anglais amovibles.
Au niveau des bonus, on pourra suivre une plaisante et décontractée interview du réalisateur qui reviendra sur sa carrière avec de nombreuses anecdotes savoureuses, un petit décryptage littéraire du film, la biographie du réalisateur et des principaux interprètes ainsi que la bande-annonce d'origine du film.

Pour ceux qui voudraient découvrir cette petite perle d'un fantastique "autre" hexagonal terriblement décalé, le DVD de zone 0 est disponible ici ou !

Seven women for Satan
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