05.06.08

01:00:00, Cat�gories: Test / Critique  

par Nicore

Frontieres

Furieux, sanglant et brutal, ce frontière(s) tiendra quasiment toutes ses promesses et confirmera le talent de son réalisateur, Xavier Gens, qui pour son premier long métrage apportera une nouvelle preuve que le cinéma de genre français peut exister de façon probante, sauf peut-être lorsque le métrage cherchera à prendre une tournure de film engagé, cédant alors à la facilité.
Le script envoie en pleine campagne non loin de la frontière quatre jeunes petits voyous parisiens où ils vont devoir affronter une famille de dégénérés adeptes du cannibalisme et du Troisième Reich.

FrontieresAprès un générique musclé composé d’images de journaux télévisé suivant des émeutes entre policiers et délinquants, le métrage va se lancer tout de suite dans l’action pour nous présenter ces cinq petites frappes fuyant la police après avoir commis un casse pour finalement voir l’un d’eux se prendre une balla dans la poitrine, tandis que le présumé leader de la bande aura l’occasion de violement s’en prendre à un agent des forces de l’ordre tentant de les arrêter, nous démontrant la violence tapie à l’intérieur du personnage.
Retranché dans un hangar, le groupe va décider de se séparer, deux d’entre eux commençant leur périple devant les mener aux Pays-Bas tandis que Yasmine et Alex vont conduire le frère de Yasmine blessé au urgences.

FrontieresCette mise en situation déjà violente et énervée aura le mérite de tout de suite lancer l’action du métrage sur un rythme éperdu, sans perdre de temps à présenter ces personnages, qui même s’ils seront stéréotypés et presque caricaturaux des délinquants issus des banlieues, notamment dans leur façon de parler ordurière, parviendront sans mal à "exister" et à proposer des éléments intéressants et porteurs pour la suite (le fait que Yasmine soit enceinte, par exemple), laissant ensuite l’intrigue faire une pause douloureuse à l’hôpital où la jeune femme va y laisser son frère, avant de prendre la route avec les différents protagonistes pour suivre leur périple qui va les mener en deux temps vers cet auberge/ hôtel perdue en pleine campagne.

frontieresL’arrivée de premier duo dans cette auberge sera plutôt ludique et sensuelle, puisque ce seront deux jeunes femmes affriolantes qui vont les recevoir et « s’occuper » d’eux, tout en laissant toutefois progressivement monter une tension certaine par de petits indices laissant à penser que les occupants des lieux ne sont pas très nets, impression confirmée lors d’un repas assez glauque (la vielle dame à la trachéotomie) et avant que le métrage bascule définitivement dans la violence pure, révélant la nature sanguinaire de cette famille dépravée.
Ensuite, l’intrigue fera se succéder de nombreux rebondissements brutaux et régulièrement gores pour suivre l’affrontement entre les deux clans, Yasmine et Alex ayant rejoint l’endroit pour ne pas tarder à découvrir eux aussi la teneur des habitants, tout en nous plongeant dans les mœurs glauques et barbares de ces nazillons dirigés par le "Père", un ancien de la Seconde Guerre Mondiale sadique et imposant, jusqu’au dernier acte qui de façon respectueuse des codes du genre va suivre la vengeance tout aussi virulente du protagoniste survivant des violences passées.

FrontieresBien évidemment prioritairement tourné vers une action qui sera essentiellement sanglante et sauvage, tout en comportant quand même des plages de suspense, le métrage se montrera virtuose dans cette enchaînement de séquences aussi brutales que parfois méchamment sadiques (les tendons) pour mettre en avant cette famille complètement libérée de toute moralité se livrant au cannibalisme et conservant leurs victimes à des fins alimentaires (ce qui nous vaudra une visite de chambre froide très graphique et peu ragoûtante), pour un enchevêtrement de scènes gores terriblement volontaires et visuelles, mais parfois prévisibles, donnant l’impression que Xavier Gens s’est littéralement "lâché" pour rendre son film aussi jouissif et sanguinolent que possible.

FrontieresMais hélas, à côté de cet aspect copieusement réussi, le métrage ne sera pas exempt de menus défauts qui viendront parfois décrédibiliser l’ensemble, lorsque le réalisateur tentera de donner à l’ensemble un côté "engagé" politiquement, en fustigeant bien sûr les nostalgies hitlériennes, mais il le fera de manière bien trop basique, facile et flirtant encore avec la caricature (le « Père » balançant en autres par exemple un "Arbeit macht frei" inopinément), tout comme pourra l’être la séquence du repas de succession lorgnant aussi dangereusement qu’involontairement du côté de la parodie. Mais ce ne sera pas tout, certaines situations sembleront extrêmement faciles (notamment lors du dernier acte parfois invraisemblable), et voir même carrément improbables (pourquoi les deux jeunes iront, après le crash de leur voiture, s’enfoncer dans cette mine et qui plus est aller se coincer dans ce passage souterrain exigu, même si cela offrira au métrage une séquence claustrophobe réussie). Et enfin, les différents personnages ne parvenant pas vraiment à devenir attachants, les petites tentatives lacrymales échoueront invariablement.

FrontieresL’interprétation est convaincante, peuplée de seconds rôles charismatiques et bien plus imposants que ceux présentés comme des "héros malheureux", tandis que la mise en scène de Xavier Gens est efficace, donnant véritablement du rythme à l’ensemble et utilisant ses effets avec parcimonie pour les rendre ainsi encore plus profitables.
Les effets spéciaux sont ici outrageusement sanglants et graphiques tout en demeurant la plupart du temps probants et réalistes, même si quelquefois leur générosité cédera place à quelques petits ratés (l’explosion de tête notamment).

Donc, ce Frontière(s) offrira un bilan globalement satisfaisant grâce à son impact visuel fort et plus que volontaire, mais laissera quand même ses carences se révéler au grand jour !

FrontieresLe DVD de zone 1 édité par Lionsgate avancera une image claire et sans défaut, même lors des séquences se déroulant dans l’obscurité de la mine, tandis que la bande-son sera efficiente, avec une partition musicale adaptée et dynamique, le métrage étant ici proposé en version française, avec des sous-titres anglais et espagnols optionnels, mais hélas, aucun bonus ne sera disponible.

Pour ceux qui voudraient découvrir cette nouvelle preuve de l’existence d’un cinéma de genre virulent en France, le DVD de zone 1 est disponible ici ou encore !

Permalien 1145 mots par nicore, 58 vues • 4 retours

Commentaires, Pingbacks:

Commentaire de: kenshiro [Visiteur] Email
Merci pour ce zoom sympa et qui m'a donné envie de voir ce film

Pour l'instant j'étais sceptique aux vus des avis de Mad Movies, mais je vais me laisser tenter je pense.

Une question Le Bilhan, il vaut quoi dans le film ? Parceque avec sa carrure et les photos le perso semble sympa...
PermalienPermalien 05.06.08 @ 16:26
Commentaire de: nicore [Membre]
Et pour ma part, je te remercie pour ton avis agréable sur ma critique ! -;)

Quant à Samuel LeBihan, sa prestation dans ce film est charismatique, pour un personnage effectivement "sympathique"...
PermalienPermalien 05.06.08 @ 21:21
Commentaire de: Ninnin4 [Visiteur] Email · http://ninnin.oldiblog.com
Excellente critique mon cher....

dans le dernier Années laser, il parle d'une idéologie du film douteuse car se retournant en milieu de film contre ce qu'il cherchait à se battre...qu'en penses tu???
PermalienPermalien 06.06.08 @ 10:33
Commentaire de: nicore [Membre]
Merci Ninnin !
Personnellement, je n'ai pas du tout trouvé que Xavier Gens déviait de son point de départ quand à sa salve envers l'extrême droite, la "famille" étant bien présentée comme de dangereux dégénérés et leurs penchants nazis étant décrits de manière pour le moins antipathique, même si cela reste caricatural, comme je l'ai souligné dans ma critique ! Mais des exemples étaient donnés dans "Années Laser" ?
PermalienPermalien 06.06.08 @ 19:51

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