07.02.08

01:00:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Promets-moi
Réalisateur : Emir Kusturica
Durée du film : 2 h 06
Date de sortie en salle : 30 janvier 2008

par Nicofeel

promets moi

Après le très intéressant La vie est un miracle, le grand cinéaste serbe Emir Kusturica, auteur des remarquables Papa est en voyage d’affaires, Underground ou encore le sublime Le temps des gitans (sans doute son plus beau film à ce jour), met en scène de nouveau une comédie survoltée, dans le style hystérique qui lui est propre. Au son d’une partition musicale assourdissante mais excellente (si on aime la musique tzigane, évidemment), Kusturica met en scène une invraisemblable farce d’une incroyable énergie, qui entraîne le spectateur dans une succession ininterrompue de péripéties toutes plus délirantes les unes que les autres.

promets moi

Promets-moi narre les aventures d’un jeune paysan, encore adolescent, qui part à la ville pour chercher une épouse, à la suite d’une promesse à son grand-père mourant. Sur cette trame classique, le cinéaste serbe fait appel à son imagination très slave et mélange les genres : comédie romantique, film d'action pur, comédie paillarde, drame, policier avec un bonheur communicatif, sans oublier une certaine propension au mauvais goût, notamment avec de multiples références à la zoophilie.
Kusturica livre une oeuvre moins ambitieuse qu'Arizona dream, Underground ou même La vie est un miracle, mais qui reflète bien les contradictions et les horreurs du monde, sans que le cinéaste se prenne pour le donneur de leçons. Du coup, l'absence de prétention permet à Kusturica de s'affranchir de certaines lourdeurs politiques ou sociales qui handicapent parfois son cinéma. Promets-moi est une farce, Kusturica ne s'en cache pas, et donne à voir une galerie de personnages truculents, souvent à la limite de la débilité.
On retrouve d'ailleurs avec plaisir l'acteur fétiche du cinéaste, Miki Manojlovic, en roue libre, dans le rôle de Bajo le Boss, caricature du parrain parvenu qui prend la grosse tête. Stupide mais dangereux, rêvant de puissance (il veut construire les premières Twin Towers serbes) mais restant une canaille inculte sans foi ni loi, Bajo est un personnage détestable, qui prostitue les filles, mais il est aussi attachant, dans sa folie et dans son énergie, dans son rêve ridicule, dans sa passion zoophile et sadique des dindons. Accompagné de lieutenants aussi bouffons que lui, Bajo est un personnage survolté, veul et hystérique, qui représente tout simplement la société actuelle avec une accentuation (quoique) de ses défauts. Face à l’innocence du jeune héros, naïf mais débrouillard, Bajo crée un véritable contrepoids, provoquant un affrontement très amusant.
Véritable bande dessinée filmée, Promets-moi montre des silhouettes burlesques qui ne cessent de foncer, malgré les obstacles. Même la pesanteur n’a plus sa place, comme en témoigne l’homme volant qui revient tout au long du film, traversant les scènes sans se soucier de quoi que ce soit, et qui est pris à un moment pour un ange venant sauver le monde par le grand-père du jeune héros. Souvent inégal mais traversé de fulgurances typiques de l’univers de Kusturica, Promets-moi est une sorte de best-of kusturicien. On sent que Kusturica veut s’amuser et amuser le spectateur, l’entraînant dans une folle cavalcade. Mais le cinéaste y injecte par instant des scènes d’une rare poésie, qui sont comme suspendues, en dehors du monde et où Kusturica, tout comme le grand cinéaste japonais Hayao Miyazaki, étale tout son amour de l’air et des personnages qui se déplacent librement dans l’espace, au gré de sa fantaisie. Ce sont ces moments qui sont le meilleur du film et où Promets-moi dépasse les limites de la comédie bouffonne pour se libérer de toute contrainte narrative et ainsi donner naissance à des purs moments de poésie.
Par ailleurs, Kusturica, malgré un côté paillard on ne peut plus présent dans le film, devient très émouvant lorsqu’il se met à parler d’amour, notamment dans les deux histoires d’amour parallèles qui se nouent entre le jeune garçon et la jeune fille (interprétée par une superbe actrice serbe, d’une beauté à couper le souffle et d’un naturel confondant) et entre le grand-père et l’institutrice aux formes opulentes.

promets moi

Le spectateur pourra trouver le film trop hystérique et être réticent à se laisser mener par Promets-moi, d’autant que le film dure tout de même plus de deux heures. De toute façon, ceux qui sont allergiques au style du cinéaste serbe peuvent passer leur chemin, ce film-ci étant encore plus assourdissant et plus hystérique que les autres. Mais les amoureux de son style, mélange détonnant de paillardise et d’émotions brutes mâtiné de surréalisme, y trouveront leur bonheur, tant Promets-moi ressemble à Kusturica.
Promets-moi est assurément une œuvre mineure du cinéaste, mais il procure un plaisir immédiat. On aurait aimé un peu plus d’ambition, mais il est néanmoins assez difficile de résister au charme de cette comédie typiquement slave menée tambour battant, sans temps morts et rythmée par une musique tzigane endiablée qui colle parfaitement au film.

Ma note : 8 / 10

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