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16.01.08

01:00:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : XXY
Réalisatrice : Lucia Puenzo
Date de sortie en salle : 26 décembre 2007

par Nicofeel

XXY est le premier film d’une jeune réalisatrice argentine, Lucia Puenzo, fille du cinéaste Luis Puenzo, auteur notamment de L’histoire officielle et de La peste.

xxy

Le film traite d’un sujet fort troublant : l’hermaphrodisme, mais sans jamais rechercher le sensationnalisme ou la complaisance. D’une grande finesse d’écriture et de style, XXY ne verse jamais dans la facilité et le voyeurisme, ce qui est primordial pour un film au thème aussi dérangeant. Au contraire, la jeune réalisatrice suit avec une infinie délicatesse et une grande tendresse les états d’âme d’une jeune fille (ou un jeune garçon ?) prénommée Alex, atteinte d’une ambiguïté génitale : d’apparence douce et plutôt féminine, Alex a « les deux »…
Aimé(e) de ses parents, Alex a du mal à assumer son hermaphrodisme, d’autant plus qu’âgé(e) de 15 ans, elle (il) est en pleine crise d’adolescence. L’arrivée du jeune Alvaro va tout chambouler : séduit(e) par le jeune garçon, Alex voit son corps se transformer et s’éveiller au désir…
Magnifiquement interprétée par la jeune actrice Inès Efron, Alex va être obligé(e) d’effectuer LE choix : être fille ou garçon…
La grande force du film est de considérer Alex non comme une curiosité mais comme un(e) adolescent(e) s’ouvrant aux émois du désir, qui commence petit à petit à découvrir son corps.
Filmé dans de splendides paysages naturels et sauvages dans un coin paumé de l’Uruguay, au bord d’une plage (mais le film pourrait se dérouler n’importe où, d’où l’universalité du sujet), XXY préserve cependant le mystère d’Alex, amenant sans cesse le spectateur à s’interroger sur ce qu’il voit ou croit voir.
Lucia Puenzo, un peu à la manière de la jeune cinéaste argentine Lucrecia Martel (auteur des excellents La ciénaga et La niña santa), ne révèle en effet pas tout et conserve tout au long du film une ambiguïté bienvenue qui est aussi celle d’Alex.

Partagé(e) constamment entre le féminin et le masculin, Alex recherche tout simplement son identité propre. Cette hésitation permanente culmine dans une incroyable scène d’amour entre Alex et Alvaro, d’une audace stupéfiante, laissant le spectateur interloqué et troublé.
Le récit, tout en zones d’ombre, est basé sur une mise en scène d’une grande sensibilité, qui englobe les points de vue de tous les protagonistes sans jamais chercher à les juger : Alex, Alvaro, les parents d’Alex, les parents d’Alvaro.
Car si XXY se concentre avant tout sur Alex, le film n’oublie jamais les réactions des adultes et les interrogations de ceux-ci par rapport à la sexualité de leurs enfants. Face à ce phénomène inexplicable, les parents d’Alex et ceux d’Alvaro ne savent pas comment se comporter et sont figés, malgré l’amour qu’ils portent à Alex, entre égoïsme, tolérance et incompréhension.
Tout(e) en contradictions, Alex souffre incroyablement de son hermaphrodisme : elle (il) est différent(e). Et comme chacun sait, ce qui est différent fait peur (et fait même peur à soi-même)… Elle (il) réagit par rapport à cela par un mélange de colère et de sauvagerie qui la ferme au regard des autres.
Cette peur de la différence débouche sur une scène très dure, où de jeunes gens intrigués par l’hermaphrodisme d’Alex la (le) contraignent à se déshabiller devant eux. Pire qu’un viol, cette séquence impitoyable dénonce notre attitude face à ce que nous ne comprenons pas.

Mélodrame délicat et touchant, XXY intrigue, fascine, met mal à l’aise. Mais le film distille au fur et à mesure une émotion qui ne cesse de grandir.
D’un cas étrange et particulier, Lucia Puenzo en fait une fable sur la tolérance et sur la quête d’identité, elle touche donc à l’universel.
Mais Alex demeure insaisissable, unique. Tout le film chemine sur l’acceptation de son état, de son corps, de son désir, sur la découverte de l’amour, afin qu’elle (il) fasse son propre choix, envers et contre tout.
Sur un sujet casse-gueule, Lucia Puenzo réussit un premier film étonnant qui évite tous les pièges inhérents à ce type de sujet et qui ne sombre jamais dans le pathos. Préservant le mystère d’Alex tout en amenant le spectateur à la (le) comprendre, la jeune cinéaste argentine frappe fort et parvient à rendre son héroïne (héros) attachant(e).
En outre, XXY démontre une nouvelle fois la vitalité actuelle du cinéma argentin et son originalité.
Après Lucrecia Martel et le regretté Fabian Bielinsky (cinéaste récemment décédé et auteur des très bons Les neuf reines et El aura, avec Riccardo Dorin, excellent acteur qui joue d’ailleurs le père d’Alex dans XXY), Lucia Puenzo est une réalisatrice assurément à suivre.

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